AFFINITY / BILL EVANS


(Label : Warner Bros Records)
Bill Evans - piano, Rhodes / Toots Thielemans - harmonica / Larry Schneider - saxs, flute / Marc Johnson - bass / Elliot Zigmund - drums
Enregistrement réalisé au Studio « Columbia » à New York le 30, 31 octobre et 1, 2 novembre 1978.


Avec un grand nombre de disques enregistrés sous son nom, ou aux côtés d’autres musiciens tout aussi illustres (Miles, Coltrane, Getz et bien d’autres...), Bill Evans a marqué - comme rare sont ceux qui ont pu le faire - le Jazz et le Piano de son extraordinaire empreinte.
Réalisé deux ans avant sa mort, Affinity est un petit joyau. 


Ciselé en quatre jours à New york, il a la particularité de ne posséder aucune composition du pianiste. 
En revanche chaque morceau semble choisi avec un soin tout particulier.


Le disque s’ouvre sur la chanson I do it for your love de Paul Simon, celle-ci revisitée par les systèmes harmoniques de Bill (basés entre autres sur les chromatismes d’accords ascendants ou descendants et la transformation fréquente d’accords divers en accords de 4rte suspendus, laisse le champs libre à la sensibilité de Toots Thielemans .
D’ailleurs la sensibilité de l’harmoniciste, lors de l’interprétation de la mélodie, décidera Bill Evans a poursuivre la totalité des sessions de l’enregistrement en sa compagnie ( Toots n’était invité au départ que sur deux titres ). 


Dans la foulée Toots proposera à Bill, sa ré-harmonisation de The days of wine and roses .
Celle ci « transpose » le « B » à la tierce mineure ascendante, système depuis adopté dans de nombreux standards structurés en « A - B », qui permet ainsi de dynamiser davantage les marches d’accords proposées, à l’origine, dans une seule tonalité ( Fa majeur ) sur une structure de 32 mesures ( Nb : écouter impérativement le solo de Larry Schneider, sur cette version pour son « laid back » exemplaire et unique...).

Par contre si la section rythmique semble en retrait. en écoutant de plus près - et de manière analytique - on découvre les polyrythmes d’un tout jeune Marc Johnson qui use volontiers du 6/8 dans le 4/4 et vice versa, preuve d’un réel investissement du bassiste qui - dans la lignée du grand Scott Lafaro refuse - à tort ou à raison - toute concession à la fonction traditionnelle de l’instrument...

Enfin Jesus’ Last Ballad reste ma pièce préférée tant elle allie une merveille de composition à la perfection du contrôle du son d’Evans. 
Pour tous ceux qui ne connaissent pas le toucher de Bill Evans sur le piano Fender (ou qui ne s’en rappelle plus...), cette ballade est à découvrir impérativement.


Article mis en ligne le 3 décembre 2009 par Pierre-Jean Ulpat