CLASSICS, ORIGINALS, STANDARDS... / SCHNEIDER - SOLER - D'HAUENENS


Label : Durance - DUR 032011
Personnel : Larry Schneider : Saxs Tenor, Soprano / Alain Soler : Elec Guitare / Lionel d’Hauenens : Basse fretless
Enregistré au studio ECS par Antony Soler
les 17 et 18 janvier 2010


Pour ce nouvel opus (le troisième du trio) Larry Schneider , Alain Soler et Lionel d’Hauenens rassemblent plusieurs pièces musicales d’époques et d’horizons différents tout en soulignant une dualité « d’atmosphères » ; d’où ce projet subtilement original qui se décline en deux objets distincts, en deux humeurs sensiblement différentes : un Cd contenant des standards à caractère plutôt festif et l’autre réunissant davantage de compositions originales au tempérament plus sombre. On remarquera d’ailleurs l’absence de numéros sur les CD, remplacés par des symboles triangulaires laissant à l’auditeur toute liberté pour hiérarchiser à sa guise. Une délicatesse de plus sur cet album.


Mais surtout Le trio réussit à synthétiser ici une multitude d’univers musicaux faussement opposés (on l’aura entrevu avec le titre de l’album) en une unique unité musicale, à la fois raffinée et remplie d’énergie, ancrée véritablement dans la tradition du jazz westcoast. Tradition tout de suite transcendée par l’univers esthétique mouvementé et poétique que les musiciens, complices de longue date (leur premier opus date de 1997), cisèlent ensemble depuis de nombreuses années et nous offrent là, tout en élégance contrapuntique, notes bleues et trialogues habilement improvisés.


En collectant aussi bien une « popsong » de Robert Wyatt (O Caroline), que des oeuvres empruntées à Beethoven ou à Mozart (respectivement Symphonie n°7 et Concerto pour clarinette en La majeur ), des standards du jazz ( They All Laughed , Ain’t Misbehavin’ ), une chanson traditionnelle irlandaise ( Waltzing Mathilda ) et nombre de compositions personnelles d’une très haute facture, (certaines compositions de Soler comme Ludwig font écho à celles de Beethoven) et d’une intensité palpable tout du long, « Classics, Originals, Standards & PopSongs » s’inscrit un peu comme un objet issu du mouvement parnassien ; chaque pièce se suffisant en soi tout en répondant aux autres dans le temps et dans l’espace, comme une mosaïque qui, lorsque l’on prend de la distance avec le fragment, nous délivre sa globalité, irréfutablement.


De plus, en proposant dans ce CD une sorte de réconciliation des genres, le trio nous fait toucher à l’évidence, qu’à travers les époques, les continents et les hommes, la musique est faite de la même matière vibratoire qui ne demande, finalement, qu’à être « animée ». 
Ainsi, la générosité du jeu de Schneider, la basse électrique, impériale, pertinemment réactive et au tempo irréprochable de d’Hauenens, de même que les « Blue notes » délicates, et électriques de Soler sur Mozart ou Beethoven illustrent – non parfois sans un certain humour – l’état d’esprit et l’exigence de ce trio.


Tous les trois sont solistes en un perpétuel contrepoint, tour à tour sachant céder la place pour servir au mieux la délicatesse des propos tenus, tour à tour sachant habilement s’affranchir des cadres harmoniques que le trio s’impose pourtant volontairement ; sans ce nécessaire « laché-prise », point de jazz fécond. 


Comme cela, Schneider, Soler et d’Hauenens nous font partager leur vision et leur plaisir ludique à se retrouver périodiquement pour enregistrer quelques pièces collectées çà et là, malicieusement.

Enfin le poème en guise de « liner notes » nous fait comprendre à quel point ces musiciens savent projeter leur musique au travers de petites choses  qu’ils ont vraiment aimé. Ils souhaitent, une fois encore, avec « Classics, Originals, Standards & PopSongs », tout simplement nous les faire partager.


Article mis en ligne le 3 avril 2010 par Philippe Clérat