EAST TO WES / EMILY REMLER
(Bellaphon - CCD 4356)
Emily Remler (acoustic & electric guitars) ; Hank Jones (piano) ; Buster Williams (bass) ; Marvin "Smitty" Smith (drums)
Emily Remler est née à New York le 18 septembre 1957.
C’est par les folksongs qu’elle aborde la musique, pour ensuite se tourner vers le rock à l’écoute de Johnny Winter et des Rolling Stones.
Elle découvre le jazz par le biais des disques de Charlie Christian et de Wes Montgomery.
Diplomée à 18 ans de la Berklee College of Music, Emily fait ses débuts professionnels dans l’orchestre de Dick Stabile et accompagne des artistes de passage comme Nancy Wilson ou encore Michel Legrand.
Une rencontre avec Herb Ellis est déterminante pour Emily car le légendaire guitariste qui deviendra son ami, l’encouragera tout au long de sa trop courte carrière, en effet Emily succombe à une crise cardiaque lors d’une tournée en Australie en 1989.
L’admiration qu’elle portait à Wes Montgomery l’amène à réaliser ce très beau disque intitulé East to Wes , titre du dernier morceau ; en fait une bossa dans l’esprit de ce qu’a pu proposer le merveilleux Wes en son temps. Le thème est d’ailleurs joué en octaves (comme Wes...), style qu’elle maitrise à la perfection.
Tout au long du Cd ( le dernier, hélas, qu’enregistrera la musicienne avant sa mort prématurée...) force est de constater l’aisance remarquable dont fait preuve Emily : phrasé, conception harmonique, sens rythmique, et swing tout à fait superbes.
Le Cd s’ouvre sur le fameux Daahoud du trompettiste Clifford Brown. La rythmique, composée d’Hank jones (piano), de Buster Williams (ctrebasse) et de Marvin smith (drums), conduit avec force, vigueur, élégance et évidemment avec - mais est-il nécessaire de le préciser - un swing terrible, ce morceau de bravoure.
Rajoutons que l’interprétation de ce titre n’est pas sans rapeller, à la fois dans les improvisations et dans la forme (riffs avant les échanges de batterie...), un certain “SOS”, autre morceau mythique extrait du non moins mythique disque de Wes Montgomery : Full house .
Malgré une prise de son que je ne trouve pas vraiment à la hauteur de l’événement (manque de définition, notamment en ce qui concerne le piano, mais rien de bien méchant toutefois...) ce CD, fait de morceaux choisis avec intelligence (subtil mélange entre prétextes à l’échange, à la tradition ou aux “belles” harmonies...), est un très bel hommage à Wes, témoignage sincère d’une grande musicienne hélas trop tôt disparue.
En plus des qualités techniques de guitariste virtuose dont fait preuve Emily à chaque instant sur ce Cd, (dont un “timing” d’une précision redoutable), un morceau comme Sweet Georgie Fame nous permet d’apprécier l’immense sensibilité d’Emily Remler, accompagnée pour cette magnifique session d’une rythmique particulièrement investie.
Article mis en ligne le 4 novembre 2009 par Hervé Villeret