LUSH LIFE / JOHN COLTRANE
(Prestige Records – 7188 / Année : 1961)
Tracks 1-3 : John Coltrane - tenor saxophone / Earl May - bass / Art Taylor - drums
Tracks 4-5 : John Coltrane - tenor saxophone / Red Garland - piano / Paul Chambers - bass
Donald Byrd - trumpet (4) / Louis Hayes - drums (4) / Albert Heath - drums (5)
Ce disque s’ouvre sur trois morceaux en trio (contrebasse, batterie, saxophone).
Le premier, Like someone in love , la ballade de Jimmy Van Heusen et Johnny Burke est légèrement ré-harmonisée (je laisse le soin aux passionnés de relever et d’analyser la grille et les solos…) avec une introduction (courte) du grand John suivie d’une très belle exposition de la mélodie.
Le ton est donnée le son du trio est somptueux, large et tout en sobriété en ce qui concerne la rythmique, ce qui laisse vous vous en doutez un espace immense au saxophoniste.
Ici c’est l’art de conjuguer à la fois les accords et l’improvisation mélodique sans jamais oublier ni trahir la mélodie, en bref une vraie leçon de musique.
Vient ensuite I love you de Cole Porter illustrant la délicate alchimie du binaire « afro » et du ternaire « swing » sur l’exposé du thème ; respectivement sur le « B » puis les « A » . Stop chorus, et l’impro magistrale du maître qui ne « cherche plus car il a trouvé ».
Ici ce jeu de mot n’en est plus un et prend tout son sens.
La rythmique est impeccable de justesse et souligne finement les solos de Coltrane (du reste j’invite les bassistes en herbe à relever les Walking bass joués sur ce morceau car ils sont limpides...).
Suit le blues Trane’s slow blues , introduit par un la basse et la batterie.
Comme certains autres blues liés à la tradition du jazz, celui-ci est un riff qui se décline trois fois. L’improvisation suit et pourrait bien sûr préfigurer d’autres thèmes. Solo du bassiste suivi de celui du batteur puis quelques mises en place élégantes avec le sax annonceront la reprise du thème ; c’est la grande classe !
Si Lush Life est un standard des plus remarquables dans l’histoire du jazz, (les accords sont sujets à controverse quant à leurs véritables natures et qualités et sont souvent au centre de débats très animés...) la version de J. Coltrane ici est tout simplement une des plus merveilleuses. L’introduction rubato, d’une sensibilité rare tant au niveau de l’interprétation que du son du groupe ; ici viennent se joindre à la rythmique Donald Byrd à la trompette (magnifique !) et l’incomparable Red Garland au Piano ; amènent merveilleusement l’exposition du thème suivi des improvisations. 13 minutes 51 secondes de bonheur.
Le CD se termine par I Hear a Rhapsody de Jack Baker, George Fragos, et Dick Gasparre, une version plus enlevée, dans la tradition de clôture de ce type d’album. Ici et une fois encore, tout est à relever et à analyser. Forme et fond sont à assimiler pour qui veut jouer cette musique. J’envie ceux qui ne l’ont pas encore fait et qui, à l’écoute de ce CD, auront envie de le faire.
Article mis en ligne le 3 novembre 2009 par Xavier Deloeil